Cette année, les distinctions de la Ligue vaudoise contre les
maladies cardiovasculaires récompenseront quatre projets qui mettent en lumière l’importance des compétences individuelles en santé pour la gestion des risques et des maladies. Une cérémonie aura lieu le 26 septembre 2024 à Lausanne, en présence de Frédéric Borloz, Conseiller d’État en charge de l’enseignement et de la formation professionnelle.
Comment pallier les carences en oméga-3 de la population vaudoise, limiter la consommation de sucre, encourager l’activité physique des personnes à risque d’accidents cardiovasculaires ou améliorer les autosoins à domicile après une hospitalisation ? « En éduquant ! » répond la Ligue vaudoise contre les maladies cardiovasculaires (LVCV). Depuis quelques années, les milieux de la santé encouragent les « compétences », à savoir les aptitudes de chaque personne à accéder, comprendre, évaluer et utiliser l’information en vue de prendre des décisions concernant sa santé. Les projets salués par la LVCV illustrent la force et parfois aussi les limites de cet « empowerment » pour la prévention, appelé à jouer un rôle essentiel dans un système de santé en transition.
« Les personnes qui prennent le mieux soin de leur santé sont celles qui sont le moins à risque » : un constat récurrent dans la prévention, qu’il s’agisse d’habitudes alimentaires, d’activité physique, de gestion du stress ou de tout autre comportement favorable à la santé. En dépit de la réduction de la mortalité cardiovasculaire au cours des dernières années, selon les données de l’Office fédéral de la statistique1, les maladies cardiovasculaires (MCV) demeurent la 1ère cause d’hospitalisation pour maladies en Suisse en 2022, à raison de 1 cas toutes les 3 minutes ! Forte de ce constat, la LVCV met un point d’honneur à encourager les initiatives qui font la part belle à la prévention en soutenant financièrement les acteurs qui s’y engagent. « Faire passer les bons messages de manière efficace requiert des savoirs et des compétences spécifiques. Notre système de santé valorise encore trop peu sa promotion », relève Cédric Vuille, Président de la LVCV. Le médecin regrette d’ailleurs aussi des faiblesses au niveau des soins : « Faute de temps ou de compétences, le personnel soignant n’est pas toujours apte à encourager les comportements à adopter pour maintenir un bon état de santé ou l’améliorer. Malheureusement, les enquêtes récentes montrent aussi un manque de compétences en santé particulièrement prépondérant chez les personnes ne disposant que d’un faible niveau de formation. A cet égard, les chiffres de la mortalité en Suisse jettent une lumière froide sur le lien entre niveau d’éducation et espérance de vie : celle-ci est de près de 5 ans plus longue chez les hommes détenteurs d’un diplôme d’une haute école que chez ceux qui se sont arrêtés au niveau de la scolarité obligatoire2. Ainsi, augmenter les compétences individuelles en santé, afin de réduire l’incidence, la progression et les conséquences des MCV se profile comme l’une des voies à suivre, ce d’autant plus dans un système de santé décrit comme « à bout de souffle », qui souffre à la fois d’une baisse de moyens, de pénurie de personnel et d’un manque de vocations.
Cette année, la LVCV a choisi quatre lauréat·e·s parmi 16 projets de grande qualité. Tous les participants et participantes recevront des commentaires circonstanciés de la part du comité en vue d’une amélioration de performance de leur travail.
Les deux projets primés « Omega quoi ? » et « MAYbe Less Sugar » cherchent à mettre en évidence les liens entre les niveaux de connaissance, en l’occurrence sur la consommation d’omega-3 et de sucre, et leurs influences sur leur santé. Autre point commun : tous deux pointent l’importance d’une communication accessible dans les messages de prévention. L’étude « Adherence to 2020 ESC recommendations on physical activity in a population with different cardiovascular risk levels » s’est attachée quant à elle à évaluer dans quelle mesure les recommandations visant à promouvoir une activité physique régulière étaient appliquées actuellement dans la population lausannoise, tout en cherchant à savoir si le degré de risque cardiovasculaire modifiait le niveau d’activité et quels étaient les déterminants majeurs de l’adhésion aux recommandations. Là encore, la pertinence des messages est remise en question, également en fonction du vécu individuel. Enfin, le projet « Soins de transition pour les patients hospitalisés pour une décompensation cardiaque dans le Nord Vaudois » souligne les bienfaits d’un renforcement de leurs compétences et de leur suivi à domicile, tant pour leur bien-être que pour la réduction du risque de rechute.